lundi 8 décembre 2008



L’exemple du café bolivien ou la situation des caféiculteurs en Bolivie

Comment expliquer qu'un pays comme la Bolivie, pays aux paysages variés et aux sols regorgant de richesses, se voit aujourd’hui parmi les pays les plus pauvres de la planète ?

Que devient alors le peuple bolivien, qui est principalement agriculteur ?


Présentation du pays

La Bolivie est un pays d’Amérique du sud entouré par le Brésil, le Paraguay, l’Argentine, le Chili et le Pérou d'environ un million de kilomètres carrés comptant une population de 9.2 millions d’habitants. La bolivie a deux capitales Sucre et La Paz.

Composée de deux régions bien distinctes L'Altiplano (région de hauts plateaux) qui se situe entre la Cordillère occidentale et la Cordillère royale, une partie septentrionale (où est concentré l'essentiel de la population) et les plaines du Chaco, qui s'étendent jusqu'au Paraguay et en Argentine.

Le climat bolivien est subtropical : chaud et humide. Mais ses conditions climatiques sont variées en raison d'altitudes diverses.


Coroico, la route la mort
(route
dite « la plus dangereuse du monde »)


Economie

La Bolivie est l’un des pays les plus pauvres d’Amérique du Sud et son économie a d'ailleurs terriblement souffert de certaine instabilités politiques durant ces dernieres annèes. Alors que la société est déchirée par de profondes inégalités sociales, les politiques, favorisant les investissements étrangers, provoquent de forts mouvements de contestation de la population.

Mais le programme d’ajustement structurel mis en place dans les années 1980 a permis une certaine stabilisation macro-économique (croissance soutenue, inflation maîtrisée, progression de l’investissement, reconstitution des réserves de change), et la Bolivie a pu bénéficier de 500 M$ d’allégements de sa dette extérieure au titre de l’initiative PPTE (pays pauvres très endettés).


Popullation

La Bolivie reste néanmoins le pays le plus pauvre d’Amérique du Sud (60% de la population vit sous le seuil de pauvreté), souffrant de graves faiblesses structurelles (poids de la dette, dépendance vis-à-vis de l’aide extérieure et à l’égard des cours des produits de base, croissance trop faible pour réduire la pauvreté, chômage).

La population de Bolivie était estimée, en 2008, à 9,2 millions d'habitants. Cela correspond à une densité de population de seulement 8,5 habitants au km², une des plus faibles d’Amérique du Sud. Le taux de fécondité, avec 4,8 enfants par femme, est élevé, tandis que l’espérance de vie est faible (60,4 ans en moyenne et moins de 54 ans seulement dans les campagnes).

Le produit intérieur brut (PIB) de la Bolivie s’éleve à 4 400$ par habitant.

La croissance a été de 4,2 %, en 2007, et l’inflation de 11,7 %.

Au niveau de l'éducation, l’école primaire est, en principe, gratuite et obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 13 ans. Mais les écoles ne sont pas assez nombreuses pour les besoins de la Bolivie et engendre alors un fort taux d'alphabétisation.


Echanges

Créée en 1825 par l’agrégation de territoires divers, la Bolivie s'est tout de suite heurté à ses pays voisins. Dépendante de ses exportations mais handicapée par son enclavement dans les terres et par un réseau de transports et de communications peu développé, la Bolivie perd son accès à la mer par le Brésil et la partie sud de son territoire.

Aujourd’hui, outre l’ONU (Organisation des Nations unies) et l’OEA (Organisation des États américains), la Bolivie est membre de plusieurs organisations internationales et régionales (la CAN, le groupe de Rio, le MERCOSUR...) et cherche à entretenir de bonnes relations avec ses voisins, et plus spécialement avec le Pérou qui lui a accordé, en 1992, une zone franche industrielle, commerciale et touristique à Ilo, et avec qui elle a signé un accord bilatéral d’intégration économique (juillet 2004). Mais la Bolivie a toujours pour ambition de récupérer un accès à la mer qu’elle espère pouvoir négocier avec le Chili.


Pays longtemps connu pour son instabilité politique (160 coups d’Etat depuis l’indépendance en 1825), la Bolivie ne connaît véritablement la démocratie que depuis 1982 et tente de s'acheminer vers un avenir stable.



LE CAFÉ


Agriculteurs, Bolivie

Introduction générale

Depuis le XXe siècle, l’histoire du café est rythmé par de nombreuses tentatives d’accords entre pays consommateurs et pays producteurs, rendant le marché du café particulièrement instable. Il n’a cessé de prendre de l’ampleur durant ces dernières années, devenant le second bien le plus vendu au niveau international après la seconde guerre mondiale, (après le pétrole) et engendrant l’essor d’une industrie de services (transport, torréfaction, distribution).


En 1940 est signé entre les Etats Unis et 14 pays producteurs d’Amérique latine, le premier accord international sur le café : l’accord interaméricain du café. Il garantit un marché aux pays exportateurs du sud, et un approvisionnement stable a l’Amérique du nord. Il garantit aussi des prix qui reste très faibles pour les petits producteurs. De nombreux autres accords suivirent ensuite entre pays producteurs et pays consommateurs afin de relancer et de stabiliser les cours. Mais en 1957 la chute des prix s’accentue et n’est toujours pas résolue à ce jour.

graine de café torréfié

Au niveau international, le café est l’une des matières premières agricoles produisant le plus grand flux de transactions financières au monde et la plus importante matière première tropicale. En 2005, plus de 10 milliards d’euros ont transités entre pays consommateurs et pays producteurs. Sa production s’élève à 7.5 millions de tonnes.

Les principaux consommateurs de café sont les Etats-unis, avec 1.4million de tonnes acheté en 2005. Derrière eux, l’Allemagne, consommant plus d’1 million de tonnes, suivi du Brésil, producteur mais aussi grand consommateur, avec 930 000 tonnes en 2005. Derrière eux, le Japon, la France et l’Italie avec une importation allant de 350 000 à 450 000 tonnes.



LE CAFÉ BOLIVIEN


Fruits mûrs (dits aussi « cerises ») de caféier
(plante produisant du café)


La Bolivie est le deuxième pays dont le revenu par habitant est le plus faible de l'Amérique Latine. L'agriculture emploie près de la moitié de la population active, malgré cela la productivité reste très faible.

Les principales cultures commercialisées sont le soja, le sucre et le café.

Il y aussi une importante production illégal de coca, la plante qui produit la cocaïne. En effet elle est devenue depuis plusieurs années une alternative permettant à la popullation une meilleure situation, bien que le gouvernement coopère activement avec les Etats-Unis pour la suppression de ces plantations. La Bolivie est le 3ème producteur de coca qui demeure une source de revenus importante (12 000 hectares de culture légale pour les usages traditionnels).


En Bolivie, 95 % du café est produit entre 800 et 1800 mètres d’altitude, dans la région des Yungas, sur le versant amazonien de la Cordillère des Andes. Ce sont des zones chaudes et humides situées entre 1400 et 1800 mètres d'altitude et propices à la production du café.
Des centaines de milliers de producteurs de café d’Amérique latine,
vivant de la vente de quelques quintaux de café récoltés à la main, ont un faible niveau de vie et dépendent essentiellement du prix de vente de cet « or vert » (avant torréfaction, le grain de café est vert).

Or, le prix mondial du café se caractérise justement par sa forte variabilité. Le cours mondial du café a atteint 0.80 € la livre en octobre 2004 alors qu'il était de 1.69 € en mars 1998, pour se stabiliser à un niveau particulièrement bas ces dernières années.
Les prix mondiaux du café s'étaient effondrés en 1992 et au cours du premier semestre de 1993, pour atteindre leur niveau le plus faible il n'y a seulement que quelques années. En suivant l’évolution des prix, on constate que le cours du café est caractérisé par des fluctuations subites et spectaculaires jusqu’à triplement de sa valeur en quelques jours seulement.
Cette situation s’explique par un important réseau d’intermédiaires locaux qui monopolisent une bonne partie des marges bénéficiaires, et qui maintient les caféiculteurs des Yungas dans la pauvreté.


En effet le commerce extérieur, qui est basé sur les matières premières, se répercute sur la vulnérabilité de l'économie bolivienne qui dépend de la fluctuation mondiale des prix.

En 1980, l'inflation, la fluctuation sauvage du change et l'aggravation de la dette externe, ont enfoncé la quasi totalité de l'économie bolivienne, mais elle s'est remise à niveau peu à peu et elle est actuellement stabilisée. La plupart des problèmes actuels de l'économie reposent sur le manque d'investissements depuis des années.


La Bolivie, elle, produit un café exclusivement arabica. Il est, dans ce pays, l’un des principaux « moteurs de l’économie ». La chute des prix en bourse a donc fortement joué sur la variation du PIB. La diminution d’une activité économique soit des recettes d’exportation, affaiblit les capacité d’un pays a importé la technologie nécessaire à son développement. De plus, les parcelles des caféiculteurs boliviens sont très vieilles (plus de 20 ans en moyenne) et nécessitent un renouvellement considérable. Les technologies adaptées pour assurer l’entretient des plantation manquent fortement à ce pays.

On note également que la Bolivie compte peu sur le marché international si l’on se réfère à son rang de production mondial. Plus de 80% de la production de café sont vendus à des importateurs étrangers, le reste étant destiné à la consommation locale.

La crise des prix aboutit donc à un amoindrissement du pouvoir d’achat des petits producteurs. Bientôt ils se voient surendettés. Ce phénomène est alors intensifié par une baisse de la consommation des population vivant du café.




Les petits producteurs et artisans du Sud restent donc soumis à une pression sans pitié des lois du commerce. Cette matière première, qui fait vivre une grande partie des salariés et producteurs du Sud, voient leur cours, sur le marché mondial, s'affaiblir d'année en année.

Dans ces conditions, un petit paysan ne peut vivre dignement de son travail. Il est devient donc couramment obligé de travailler dans des conditions comparables à l'esclavage, de faire travailler ses enfants et de renier son environnement social, économique, écologique et culturel.


On constate qu'une famille sur cinq vit de 7000Franc a 12000 Franc par an, ayant comme logement au mieux une maison en torchis délavée au fil des saisons des pluies, au pire, une cabane construite de planche ouverte a tous les vent.
Un niveau de rémunération si faible qu’il conduit nombre de producteurs boliviens à s'endetter, avant même le début de la récolte, pour se nourrir et payer les frais de production.

En conséquence, l’exode rural s’intensifie. Les bidonvilles grossissent, la population touchée trouve des travaux misérables qui leur donnent à peine plus que la production de café.


Pour résoudre ce problème, les producteurs des Yungas se sont regroupés en coopérative au début des années quatre-vingt-dix avec la naissance de l’association Max Havelaar. Leur objectif : maîtriser leur filière en produisant un café de qualité tout en l’exportant à un prix valorisant leur travail grâce au circuit de commercialisation équitable.

Avec le commerce équitable, les caféiculteurs boliviens ont commencé de nouvelles relations commerciales entre producteurs et acheteurs. Une manière pour les agriculteurs de rémunéré leur travail à une plus juste valeur.